Alors que les gendarmes mettent une pression permanente sur le Verger après des mois d’agressions et de bavures, nous revenons sur les raisons légitimes de la colère et du feu.
Voilà 8 mois que la ZAD a pris racine sur le tracé de l’A69. 8 mois qu’on s’acharne avec nos allié•es à stopper le massacre de ces terres, le morcèlement des nappes phréatiques et l’abattage de si nombreux arbres. Ici au Verger, la ZAD défend les derniers arbres du tracé avec la même détermination que pour les premiers.
Dans cette lutte contre l’autoroute, nous avons fait du collectif une force pour surmonter les peurs et les épreuves : les sièges de 47 jours, la destruction répétée de nos lieux de vie, les corps fracturés par les chutes et les coups, les âmes meurtries par les agressions, la tristesse et la rage.
Parce que nous n’avons pas reculé face à sa brutalité, le système contre lequel nous luttons a riposté avec une force et une violence démesurée pour mater l’affront invariable que nous lui faisions. Nous ne nous laissons pas impressionner et il le sait.
Depuis fin août, milices et gendarmes organisent et appliquent quantité d’agressions pour nous décourager et museler la résistance. Aujourd’hui la profondeur des cicatrices physiques et psychiques est telle que nous resterons marqué⋅es à vie.
Évidemment aucun recours institutionnel n’existe quand la pseudo-justice n’est qu’une demi bouée de sauvetage crevée et que les structures politiques influentes restent bien au chaud dans leur conformisme.
Or sans surprise, les révoltes réprimées conduisent souvent à la colère : gilets jaunes, kanaks & banlieues en ont déjà fait le démonstration. Cette colère est saine et légitime. Si elle n’est pas suffisante pour inverser le cours de l’histoire, elle a ici le mérite d’être l’expression d’une forme de dignité et de justice réappropriée.
Alors, quand cette nuit du 20 septembre, ce compacteur a quitté le parking de machines, poursuivi par les keufs et les vigiles pour venir s’embraser à l’entrée du Verger assaillit, c’est un peu de cette colère qui s’est concrétisée. Et si la cheminée de flamme a pu paraitre impressionnante, elle n’a en aucun cas créé de l’insécurité chez les personnes présentes et ne peut ainsi pas être comparée à celle dirigée depuis plusieurs jours par les gendarmes à l’égard des zadistes.
Mais l’extériorisation d’une colère légitime n’est pas la seule fonction de la destruction de matériel. Elle a également un intérêt très concret pour la lutte, d’abord car elle fait directement prendre du retard au chantier : ATOSCA a par exemple avoué fin août que la combustion spontanée d’un ouvrage d’art leur avait fait perdre 3 mois. Mais aussi car le coût important des destruction ainsi que de la surveillance accrue nécessaire pour les éviter modifie leur balance coût / bénéfice, et a minima les décourage d’envisager de mettre en œuvre trop de nouveaux projets mortifières.
Ainsi, bien que cela nécessite quelques dispositions logistiques et un paquet de courage car ça expose à une répression très intense, ce genre d’action utilise peu de ressources et permet de leur mettre des bâtons dans les routes sans conséquences graves. Car soyons sérieux⋅ses : qu’est-ce qu’un engin détruit face à des corps et des esprits meurtris à tout jamais ?