Photo arbre occupé, jour 13 poursuivre la lutte depuis les cimes

Jour 13, poursuivre la lutte du haut des cimes

Ce 13ème jour de siège, nous nous sommes rassemblées auprès du Verger, voici quelques textes lus et un bref recap’ des deux dernières journées.

Vigi•es, Chauve-souris et Écureuilles témoignent de leurs moment de vie séparés physiquement mais toujours reliés par lutte contre l’A69 et son monde.

Depuis la vigie

Ici pour se dire bonjour on se dit « Bon matin » alors… Bon matin à toustes !

On ralentit les travaux. Chaque jour, depuis plus d’un an, on ralentit les travaux. On limite la grande broyeuse, on gagne du temps de vie pour les arbres, du temps de vie pour les gens, on donne un peu de temps au paysage.
On donne du grain à moudre à ATOSCA, on fait en sorte qu’ils dépensent des sommes astronomiques, comme là en condés, répressions, en réparation, en temps perdu, et puis on dénonce leurs sales magouilles.

Ni l’a69 ni aucune autre autoroute, aucun autre projet ne pourra se faire sans que la lutte vienne court-circuiter leurs destructions massives.

Nous aussi, ça nous coûte. En force, en sommeil, en amendes, en taule, en fichage, en désespoir aussi parfois. Chaque fois qu’un keuf attrape une copaine, qu’un arbre tombe, qu’un toit se fait défoncer, chaque fois qu’une personne signe par dépit un acte d’expropriation, chaque fois qu’ATOSCA s’engraisse, nous on encaisse, on apprend et on se renforce.

Rien n’arrêtera la rage.

La rage et la joie, parce qu’à chaque fois qu’on tient bon, chaque fois qu’un nouveau lieu ouvre ou se défend, chaque fois que nos discussions sont riches, que nos idées deviennent des actes grandioses, chaque jour passé a lutter contre ce tracé de merde est une immense victoire.

Merci à toutes les personnes, les milliers de personnes et les dizaines d’associations et collectifs qui tiennent cette lutte, les milliards de soutiens partout en France. L’A69 ne passera jamais dans le silence et la passivité. Quand leurs projets d’ultra béton finiront par s’écrouler, nous serons toujours debout.

Au Verger il reste Zineb et Noguerre, et cette maison ! Mais sur la Terre il en reste plein, des forêts des rivières des montagnes, que les Gros Entrepreneurs veulent niquer, exactement comme ici.

Et comme sur le tracé, il reste beaucoup de choses à faire, on n’a pas pas fini de se mettre en travers de leur bitume.

Merci d’être avec nous.

Depuis les cimes

Les témoignages des écureuilles

Texte 1

Je trouve que les occupations sont un bon moyen de libérer les espaces de la logique capitaliste. Il y a des espaces pour de la spontanéité la créativité et pour expérimenter une autre manière de vivre ensemble. C’est ce que je voulais vivre et je voulais rendre l’évacuation plus difficile pour les flics. Détruire les forêts ne doit pas aller de soi, ni d’imposer les intérêts du capital. Les forêts sont aussi un espace de retraite et de liberté au milieu d’un monde planifié. La forêt offre une protection, elle est moins surveillée (caméra etc…) et comme il n’y a pas de route ni de mur, elle ouvre de nouvelles voies, de nouvelles cachettes et de nouveaux modes de vie.

Dessin des écureuilles dans les arbres, et des personnes au sol qui lancent des bolas pour tenter de les ravitailler

Texte 2

On enraye la machine. Ils nous voit en danger, moi je me sens protégée de l’autoroute et de son massacre.

Merci le sol d’être toujours là, sans vous on ne pourrait pas rester perchées.

L’A69 n’avancera jamais tranquillement et pour le moment elle s’arrête ici.

On enrayera toujours la machine.

Dessin du Verger, la maison avec des militant⋅es sur le toit et des gendarmes sur la butte, et des écureuilles sur les arbres, et un pont de singe entre les deux. Texte complet à venir

Texte 3

J’ai pas vraiment vécu dans les arbres au Verger. J’y ai vécu les pieds et les mains sur et dans le sol, côtoyant les formes de vie qu’ils ont terrassé depuis 12 jours. J’y ai vécu les pieds et les mains tournées vers Alexandra en étant témoin de toutes les violences qu’elle subissait de la part des hommes qui voulaient avoir l’ascendant sur elle, les cols blancs d’ATOSCA et les autres.
J’y ai vécu jusqu’ici pour voir sa destruction jusqu’au bout. J’ai plus vraiment l’impression d’être dans un arbre mais ces quelques troncs et nos corps sont le dernier rempart à la continuité de ce désastre — Écureuille dans Zineb

Dessin de personnes avec des oiseaux dans les arbres, sur des plateformes en palette, en bas 3 policiers portent un matelas gonflable géant. 28/09/24

Texte : on a choisi ces blazes de manière plus ou moins aléatoire, mais j’aime penser que ce sont des sortes d’oiseaux totems qui veillent sur nous.

La CNAMO vire tout de Zineb, coupe toutes les cordes possibles. Un flic vole le sac médic et l’éloigne pour empêcher les zineboises de le repêcher.

Palombe : ayez pas hâte de nous démasquer on est moche, c’est pour ça les cagoules. Vous êtes pas venus avec un ours gonflable pour nous faire des câlins ?
Autruche : ou un château gonflable avec piscine à boule multicolores ?
Gippaette : peut-être qu’on aurait plus envie de descendre
Mouette : je déverserais mon sang de règles sur vos tombes !

Notre tactique, se mettre sans sécurité (donc faut pas avoir froid aux yeux !) sur toute chose qu’ils essayent de décrocher, corde, branche, palette, planche…

Sur le perchoir de Noguerre, j’attends les gendarmes grimpeurs, ils m’observent et me flairent, est-ce eux, ou moi qui avons peur ? On milite au-delà de nos limites pour limiter les degrés, mais on milite avec humilité.