Photo aérienne de la maison du Verger, gros tag Stop A69 sur les tuiles et personnes sur le toit. Texte Résister sur un toit, 12 jours et nuits face à face avec ATOSCA

Depuis le toit

Nos copaines reviennent sur les 12 jours et 12 nuits passées sur le toit de la maison du Verger, à résister face à sa destruction par NGE/Atosca.

Contre l’A69 et son monde, contre toutes les expropriations, expulsions et destructions de nos maisons et contre l’accaparement de nos terres par les capitalistes et leurs engins de mort.

Hier matin, les dernières chauves souris sont descendues de la maison. Il n’a fallu que quelques heures à Atosca pour détruire le toit, marquant une nouvelle fois son impunité, alors que le rapport sur la présence d’amiante n’est toujours pas sorti. Notre première pensée revient à Alexandra, pour qui 11 ans de sa vie ont été détruits et enterrés, pour qui les 6 derniers mois passés à nos côtés on été lourds en émotions, pour qui manipulations et menaces n’ont plus guère de secret. Nous la remercions pour tout ce qu’elle a pu faire pour nous, et ce qu’on a pu partager ensemble depuis ce 27 Mars où elle nous a ouvert les portes de son magnifique verger.

C’est l’image même de toutes les expropriations menées par le concessionnaires, qui sont rendues publiques aujourd’hui. C’est plus de 800 personnes qui ont perdu leurs maisons, leurs terres fertiles, leur jardin nourricier, en échange de toujours plus de bitume. À coup de pression et d’intimidation, les huissiers, porte par porte, terrain par terrain, sont venus s’accaparer la richesse qui pourtant n’appartient qu’à nous toustes.

12 jours durant nous avons défendu la maison de cette dernière habitante du tracé de l’autoroute, qui s’est battue à nos côtés contre les griffes du capital, jusqu’au dernier instant. 12 jours durant nous avons assisté⋅es, aux premières loges, au massacre des pelles d’NGE, ne prenant plus la peine de laisser une quelconque dignité aux arbres de ce petit coin de paradis et à toute la biodiversité qu’il renfermait.

12 jours durant nous avons vu la répression policière atteindre nos ami⋅es au sol, toujours très loin des réels enjeux de ce combat pour l’avenir. 12 jours durant nous avons partagé ensemble nos connaissances, nos ressentis et nos émotions. Nous avons crié, chanté, et pleuré ce qui se dérobait sous nos ailes, impuissant⋅es face à tant de haine et de mépris. La faim, la peur et le froid faisaient face à la détermination et la colère que nous éprouvions au quotidien.

De la haut, nous étions au plus proches des écureuil.es, pour se dire « bon matin » au lever du soleil, se dire à quel point on s’aime même si nos cœurs saignent, et pour crier « une journée de plus au verger » à la nuit tombée.

Nous observions nos ami⋅es au sol se démener pour nous offrir un peu de répit dans ce qui prenait chaque jour un peu plus l’allure de champ de bataille. Une dose d’espoir et de courage, si puissante qu’on en oublie un peu la faim, et la rage. Quelques courts instants de bonheur perdus, si importants, et que jamais personne ne pourra nous enlever.

Merci d’avoir été à nos côtés au quotidien et d’être là aujourd’hui pour continuer à nous battre ensemble avec les dernières écureuil⋅les, si fortes, qui tiennent encore tête à l’enfer qui s’abat ici.

Dessin en couleur d'une pelleteuse sur un talus en terre, le godet face à une personne sur le toit de la maison, au même niveau

Nous lutterons sans relâche face à l’horizon sombre qui se profile depuis si longtemps sous nos yeux. Dans ce monde malade, et vide de sens, nos liens se resserrent un peu plus chaque jour, nourris par une volonté toujours plus grande d’un monde meilleur, d’un monde ensemble.